UCT

Publié le par Mathilde

J'ai plusieurs fois utilisé le sigle UCT dans mes articles, j'espère que vous aviez tous plus ou moins compris qu'il s'agissait de l'University of Cape Town. Comme je suis quand même venue ici en échange universitaire, il est temps de vous présenter mon cadre d'études !

L'université comprend le campus en lui-même, séparé en trois parties (lower, middle et upper campus, très original étant donné qu'il s'étale sur les flancs du Devil's Peak en trois « étages ») mais de nombreux autres bâtiments et résidences sont disséminés un peu partout dans les quartiers environnants. On a donc un peu l'impression de ne jamais tout à fait quitter l'université.

Braai offert par l'UCT sur les rugby fields

Braai offert par l'UCT sur les rugby fields

L'upper campus est le centre historique de l'université, avec ses vieux bâtiments et les incontournables rugby fields qui se détachent de la Table Moutain. La plupart des cours ont lieux là-bas, ce qui fait qu'aux « heures de pointes » les avenues principales sont totalement crowded (25 000 étudiants à l'UCT, c'est pas rien ! ). Je ne suis pas encore habituée à voir autant de monde, j'ai comme l'impression de marcher rue Saint Rome un samedi après midi. Sauf que c'est toutes les heures, à chaque changement de cours, que les étudiants doivent naviguer d'un bâtiment à l'autre pour rejoindre la salle du prochain cours. En fait, l'upper campus est une réelle petite ville, avec son bureau de poste, ses magasins, des multiples échoppes offrant des nourritures très variées (ma préférée étant d'ores et déjà le vendeur indien et ses samoosas à 7 rands – un peu plus de 50 centimes), ses distributeurs automatiques, son immense centre sportif avec clinique associée, et tout un tas d'animations qui chaque jour attirent encore plus de monde sur la Jameson Plaza (l'agora du campus). Les rugby fields sont au coeur du campus (tout comme le rugby est au centre de la vie sportive/sociale de l'université), séparant le middle et l'upper campus.

Rugby fields, bâtiments historiques de l'upper campus, Devil's Peak et Table Moutain.

Rugby fields, bâtiments historiques de l'upper campus, Devil's Peak et Table Moutain.

Bref, c'est un cadre idéal pour étudier, et malgré sa grande étendue je m'y suis repérée très rapidement. C'est toujours plus agréable de rejoindre sa salle de cours en marchant au soleil qu'avec le RER dans la grisaille parisienne...

Pour ce qui est des cours, le dépaysement est là aussi de mise. Le rythme y est très différent de la France, puisque les cours durent 45 minutes et qu'on a plusieurs fois par semaine le même cours (3 ou 4 « lectures », l'équivalent de nos cours magistraux, même si les profs recherchent plus l'interaction avec les élèves, malgré des amphis d'une centaine d'étudiants). Il y a ensuite des « tutorials », les TD assurés par des étudiants postgraduated, donc vraiment très jeunes. En fait, comme ici je suis considérée undergraduated alors que je suis postgraduated en France (j'ai obtenu ma licence) certains des tuteurs sont au même stade d'étude que moi. Ce qui m'a relativement exaspérée au premier tutorial, puisque la tutrice n'avait même pas lu les textes dont on devait parler, confondait concepts et auteurs et ne pouvait répondre aux questions...

Au total, j'ai seulement une dizaine d'heures de cours par semaine, avec le vendredi de libre. Mais il y a beaucoup de lectures personnelles à faire à côté, des « papers » à rendre, ce qui fait quand même des journées/semaines chargées. En fait, il m'a bien fallu ces deux premières semaines pour m'adapter à cette façon de travailler et rattraper mon retard de lectures que j'avais accumulé dès le début. Rassurez-vous, cela ne m’empêche pas de prévoir plusieurs activités à côté et d'avoir du temps pour continuer mes découvertes !

Upper campus et vue sur Cape Town au fond

Upper campus et vue sur Cape Town au fond

Qu'ai je appris de ces quelques cours en Afrique du Sud ? En dehors des pures connaissances théoriques je veux dire. Déjà, c'est intéressant de découvrir une nouvelle façon de voir les choses et de les enseigner. Par exemple, mon cours de sociologie culturelle traite quasi exclusivement de la culture sous l'angle politique, en relation avec la question des identités. Il me semble que ce n'est pas tout à fait la façon dont on l'envisagerait en France. Ensuite, je me rends compte que la France est un pays très "intellectuel", qui compte beaucoup pour tout ce qui est réflexion théorique en sociologie/philosophie/politique. Presque pas un seul cours depuis le début sans que nous ayons mentionné le nom d'un penseur français. Durkheim en tête, bien entendu, mais aussi Rousseau, Foucault, Jean-François Bayart ...

Enfin, un des cours de sociologie culturelle a été l'occasion d'une drôle d'expérience. Le prof a en effet traité de l'exemple de la France dans la constitution politique des identités nationales et culturelles. Ce qui a donné lieu à un ensemble d'affirmations qui m'ont fait bondir sur ma chaise. La France serait ainsi l'exemple parfait du pays où un groupe minoritaire (l'élite dominante) a réussi à imposer en trente ans au tournant des 19ème et 20ème siècle sa culture, une identité qui n'était pas celle des habitants de la France. Notamment parce qu'ils ne parlaient pas français avant cette époque. L'originalité de la Révolution française tiendrait au fait qu'elle aurait été faite par des personnes qui ne se considéraient pas comme françaises. Etc, etc. L'ordonnance de Villers-Cotteret date quand même de 1539 me semble-t-il... Et les historiens mentionnent la notion de patriotisme à propos de la Révolution, non ?

Cela m'a fait penser que l'équivalent doit sûrement arriver dans les cours français, et que l'on doit avoir une image erronée ou tronquée de l'histoire et des systèmes politiques et sociaux des pays étrangers... Rien ne remplace donc les voyages et l'immersion totale dans une autre société pour se faire une idée de son fonctionnement !

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M
bien dit ! à moins d'avoir un enseignant "natif" on doit avoir un regard un peu erroné ... Comme dirait une connaissance commune "il faut enlever ses lunettes de français !!" :)
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