Port Shepstone – Durban (Road trip #6)

Publié le par Mathilde

Deuxième jour d'affilée que nous avons 400km à parcourir, et deuxième jour d'affilée que cela nous prend beaucoup plus de temps que prévu. En chemin, nous traversons plusieurs villes dont Mthatha, « la plus africaine des villes sud-africaines » d'après le guide - comprendre par là qu'on se croit plus en Afrique noire qu'au Cap. Joséphine trouve en effet que ça ressemble à Bamako. Une grande avenue coupant la ville, bordée de magasins en tous genres, avec des gens partout, sur les trottoirs et sur la route, traversant quand bon leur semble... Nous nous arrêtons au Spar, où nous sommes immédiatement repérées en tant que touristes. Un vieil homme nous demande d'où l'on vient, et nous explique que c'est une bonne chose que nous soyons là : cela apporte des devises dont la population locale à bien besoin. Quand nous arrivons à Port Shepstone, il fait déjà nuit depuis longtemps, et vu les indications plus que lacunaires que nous avons pour rejoindre le backpacker, nous nous perdons plusieurs fois, obligées de faire demi-tour à chaque fois. Mais nous arrivons finalement à destination, où l'on se demande s'ils étaient vraiment au courant de notre arrivée... Le gérant était très gêné de n'avoir que des dortoirs mixtes à nous proposer, signe que la société sud-africaine a encore des progrès à faire en matière de sexisme. Nous partageons donc le dortoir avec un finlandais, très jovial, qui nous raconte ses voyages réguliers en Afrique du sud, à la découverte d'une petite région à chaque fois (2mois dans l'East Coast quand nous l'avons traversé en 2/3jours). Nous passons ensuite un temps fou à faire bouillir de l'eau pour nos pâtes (à peu près le seul plat que nous mangeons quand nous faisons notre propre cuisine), puis une lessive à la main et quelques cartes postales écrites plus tard, nous allons nous coucher, exténuées.

Le lendemain, nous descendons d'abord sur la plage de Port Shepstone, en contrebas immédiat du backpacker, pour s'y balader un peu et s'asseoir dans le sable. Mais nous décidons de reprendre la route assez vite, pour rejoindre Durban, à 120km au nord : nous pourrons profiter de la plage là-bas.

Avoir aussi peu de kilomètres à faire, et surtout sur une route d'aussi bonne qualité (une autoroute 2x2 voies) est un plaisir après les journées précédentes ! Malgré tout, cela reste une autoroute sud-africaine, avec ses vendeurs ambulants, de légumes et de souvenirs, postés sur la bande d'arrêt d'urgence, à quelques mètres des voitures passant à 130km/h... Même si ce n'est pas la première fois que nous voyons ça, il est toujours difficile de s'y habituer ! Notre trajet est ponctué de crises de fou-rires car Joséphine fait sécher les sous-vêtements de Camille lavés la veille au vent, en les coinçant dans la fenêtre. A l'approche de Durban, le paysage change radicalement, et devient plus tropical : très vert, mais d'un vert très différent de celui du Cap, avec notamment des champs de canne à sucre tout autour de nous.

Arrivées à Durban, nous atteignons sans trop de problèmes notre backpacker, aménagé de façon très originale : il s'agit d'un grand hangar, peint de couleurs vives et bariolées, avec les espaces de salon/cuisine/salle à manger au milieu, et les chambres tout autour (nous avons notre propre chambre). A l'étage du dessus, un bar, avec une terrasse ayant vue sur le port proche, la ville et les plages au fond. Après avoir vidé l'ensemble de la voiture pour ne laisser rien apparaître (un conseil aux touristes à Durban pour ne pas tenter les envieux), nous partons vers le centre-ville. A travers ces immenses avenues, où voitures et piétons se mêlent de façon assez stressante pour un conducteur non-habitué, nous arrivons à proximité du Victoria Street Market, dans le quartier indien. Proche de la mosquée, il s'agit d'un immense marché offrant à la fois viande et poisson (dont des têtes de mouton entières, assez dégoûtant), souvenirs indiens et zoulous, épices, babioles électroniques... Nous faisons quelques emplettes (de souvenirs essentiellement, bien moins chers qu'à Cape Town) et nous baladons un peu dans le quartier, où nous sommes pas loin d'être les seules blanches. Malgré l'agitation qui règne, l'ambiance est assez agréable, et nous nous sentons en sécurité (petite précision a posteriori, maintenant que je suis passée par Jo'Burg). Nous traversons de nouveau les avenues rectilignes de la ville, admirant au passage les monuments historiques les bordant, et allons nous garer à proximité du port. Un peu de marche le long de la jetée, entre palmiers et grands bateaux, avant de nous rendre au BAT Centre, l'endroit où sont produits les œuvres d'art vendues dans les magasins de souvenirs et marchés dans l'ensemble du pays. Un lieu très coloré, foisonnant de toiles en tout genre où il fait bon errer. Mais après cela, nous n'avons toujours pas mangé, l'après-midi est déjà bien avancée : nous nous posons donc à la terrasse du BAT pour un repas rapide mais qui fait du bien.

Retour ensuite au backpacker, pour récupérer nos maillots de bain, et direction les plages de l'autre côté de la ville. Le sable s'étale sur plusieurs centaines de mètres, et le bord de mer a été aménagé : pataugeoires et manèges installés sur les hauteurs des plages. De l'autre côté de la rue, de grands et chics hôtels. Malgré le vent et la température qui n'est pas si élevée que ça, ainsi que le nombre de personnes qui se baignent très réduit, nous décidons de se mettre en maillot et plonger : pour les filles, venir en Afrique du Sud et ne même pas se baigner dans l'océan Indien aurait été inconcevable. Il s'agit finalement plus de prendre la photo immortalisant notre passage sur la plage de Durban que de se baigner pour le plaisir ! Mais malgré tout, l'eau est bonne, et la baignade agréable, même si l'on ne nage pas vraiment du fait de la puissance des vagues. Au bout de quelques minutes, nous apercevons des ombres dans la partie haute et transparente des vagues, ressemblant à de gros poissons. Nous nous rendons compte ensuite que les surveillants de la plage sifflent à tout rompre, faisant signe aux quelques rares baigneurs de sortir de l'eau et de revenir vers le sable... Pas de doute, ces grands poissons sont des requins ! A y regarder de plus près, on aperçoit en effet les ailerons...la plage est infestée de requins, de tous les côtés, à une centaine de mètres du rivage. Voilà, une expérience sensationnelle de plus en Afrique du Sud, nous nous sommes baignées avec des requins (expression à peine exagérée) ! Pourtant, tout le long de la côte de Durban a été installé un filet sous-marin censé empêcher les requins d'approcher. Mais celui-ci semble connaître quelques failles, d'autant plus que c'est la période du sardine run : à ce moment de l'année, les poissons remontent vers la côte pour pondre leurs œufs, créant de véritables vagues de sardines. Elles sont suivies par les prédateurs, dont les requins, attirés par toute cette nourriture. Après toutes ces émotions, et alors que la nuit commence à tomber (il est environ 17h), entraînant un changement soudain dans la population fréquentant la plage (des familles avec enfants aux jeunes qui traînent en bande, assez louches) nous rentrons au backpacker. Avec d'abord un détour par un supermarché pour faire quelques courses : une expérience marquante, puisque le seul supermarché à proximité que nous trouvons ce trouve dans un quartier dans lequel il est peu recommandé de se rendre de nuit. Impossible de se garer là-bas, alors nous décidons que Joséphine et Camille iront faire les courses pendant que je tournerai dans le quartier en voiture pour les attendre. Quand je suis arrêtée au feu rouge, seule dans ma petite voiture, je peux dire que je n'en mène quand même pas large... Mais tout se passe sans encombre, je reviens devant le spar au moment où les filles en sortent, et nous rentrons au backpacker. Douche, repos puis nous cherchons un endroit pour aller manger.

Direction uShaka, le complexe de loisirs ayant pour thème l'océan (un mélange de centre commercial, parc d'attractions, aquariums, etc) tout proche de l'auberge de jeunesse. Nous pensons d'abord y aller en voiture, averties par les recommandations du guide du Routard. Mais lorsque nous demandons aux réceptionniste du backpacker de nous ouvrir le garage, ils nous rient presque au nez en entendant qu'on se rend à uShaka : c'est en effet tout proche, et mieux vaut y aller à pieds. C'est parti ; nous nous rendons compte qu'en effet, il aurait été ridicule de prendre la voiture ! Nous aurions vraisemblablement tourné pour trouver une place où se garer avant de revenir au backpacker, le parking le plus proche ! Finalement, il est plus long de marcher dans le complexe en lui-même que de marcher du backpacker à l'entrée du complexe... Nous optons pour l'un des restaurants le plus chic de l'endroit, même si justement son côté chic nous a un peu fait hésité en arrivant. Mais il est peu cher, et surtout, attraction principale, c'est un restaurant aquarium ! Installée dans un immense bateau, la salle principale du restaurant donne sur l'aquarium, et tout en mangeant on observe les requins et gros poissons nager à deux mètres de nous. Une expérience originale et pas déplaisante même si peut être très « touriste de base », mais la nourriture est très bonne, et nous passons une bonne soirée. Nous ne nous éternisons pas, car nous partons aux aurores le lendemain matin (ou presque : 7h) et il nous faut encore préparer la salade de riz pour notre pique-nique !

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