Grahamstown – Coffee Bay (Road trip #5)

Publié le par Mathilde

Je suis assise dans le hall des départs de l'aéroport de Cape Town, j'ai accompagné Camille dont l'avion décolle dans 1h aux portiques de sécurité, et j'attends maintenant de pouvoir enregistrer pour le mien. Voilà, mes six mois sud-africains s'achèvent ici, pour moi, mais pour vous il me reste encore des choses à raconter. Histoire de prolonger encore un peu cette expérience à l'étranger qui a été exceptionnelle sur tous les plans...

Donc je vais m'occuper en continuant à parler de notre road-trip, avec d'abord Grahamstown. Petite ville de province essentiellement étudiante (le campus de la Rhodes University s'étend sur une bonne partie de la ville), elle constitue un cadre agréable et reposant pour une étape. Nous avons fait la route presque entièrement de nuit depuis notre backpacker à Addo, à travers une région quelque peu montagneuse. Arrivées là-bas nous nous sommes mises en quête d'un endroit où manger, et Le Routard nous a orienté vers le Rat and Parriot, un endroit qui fait tout à la fois pub et restaurant, où se mélangent jeunes et moins jeunes, couples et bandes d'amis, black, colored et white (cette distinction raciale pouvant paraître choquante aux esprits français mais tout à fait normale pour un sud-africain) ce qui a pour résultat une ambiance chaleureuse et décontractée. Une fois nos très bonnes pizzas avalées, nous sommes retournées au backapacker où les guests et les membres du staff présents nous ont invités à les rejoindre sur la terrasses, pour une longue soirée de discussion. Le lendemain, nous avons découvert la ville à pieds : maisons victoriennes, jardins, églises... Un centre qui a gardé beaucoup de charme et qui, s'il n'est pas très grand, doit constituer un endroit sympa pour étudier. Grahamstown accueille par ailleurs un grand festival d'art au mois de juillet, connu nationalement et internationalement, mais il était déjà fini quand nous y étions.

Ensuite, nous avons repris la route pour rejoindre Coffee Bay, à 400km de là. En partant à 12h nous ne pensions pas arriver à destination à 20h, surtout en ayant fait une heure de pause à peine. Mais les travaux qui ponctuaient la route en ont décidé autrement, avec les 20 minutes réglementaires d'attente à chaque fois qu'il y a une circulation alternée. Ce qui serait inconcevable en France est tout à fait normal en Afrique du sud : au lieu d'alterner les feux toutes les minutes, ont fait passer les voitures dans un sens pendant 20 minutes, puis on les arrêtes et on ouvre la route dans l'autre sens. « African time » comme on dit ici...il faut savoir être patient... Donc, non seulement ces travaux, mais en plus des routes de montagnes avec des côtes à monter et descendre régulièrement, des virages en épingles à cheveux, et last but not least les innombrables piétons, chiens, vaches, chevaux, chèvres qui se promènent au bord de l'autoroute (pas une autoroute à la française, certes mais quand même) n'hésitant pas à traverser quand bon leur semble... Folklorique, et une conduite assez stressante ! Mais le pire a été la route pour arriver à Coffee Bay, une fois sorties de l'autoroute. 80 km dans la nuit noire sur une route, qui, en plus des animaux et humains inconscients et des travaux était jonchée de nids de poules à intervalles réguliers, et de ralentisseurs invisibles et non annoncés. Un bonheur de conduite, dont on s'est bien demandé si on sortirait vivant et indemne !

Bon, ça valait le coup de souffrir comme ça. Car Coffee Bay mérite bien son titre de « plus bel endroit de la Wild Coast ». La Wild Coast est le nom donné à la côte de l'océan indien, autour de Port-Elizabeth, entre la Garden Route, au sud, et la Hibiscus Coast, au nord, plus proche de Durban. Bref, nous n'avons pas vraiment pu admirer le paysage en arrivant, nous avons eu la surprise le lendemain au petit-déjeuner. Mais déjà sur la route nous avions traversé les villages khosas, avec leurs maisons traditionnelles rondes peintes de couleurs vives. Le dortoir de notre backpacker était installé dans une maison de ce type. Aussi, en arrivant nous n'avons eu qu'à mettre les pieds sous la table pour déguster le dîner que les hôtes du backpacker nous avaient préparé, ce qui a été plus que bienvenu !

Le lendemain donc, nous avons pu profiter du magnifique paysage entourant le backpacker, caché dans les recoins d'une baie qui doit son nom au fait qu'un bateau transportant du café avait échoué là. L'eau à quelques mètres en contre-bas des chambres, des petites plages non loin, et une végétation verte très dense tout autour. Nous sommes montées dans un 4*4 du backpacker pour rejoindre le Hole in the Wall, à une dizaine de kilomètres au sud de Coffee Bay, par une piste tellement accidentée qu'il aurait été insensé de vouloir le faire avec notre voiture. En plus d'arriver là-bas sans encombre, faire le chemin avec un chauffeur nous a permis une immersion dans les villages khosas que nous avons traversés, avec des explications toujours bienvenues et des arrêts fréquents pour au choix, saluer la population, goûter la viande de bœuf qu'ils venaient de faire cuire, demander leur bière locale (appellée « tambuti »), apercevoir les adolescents emmitouflés dans des grandes couvertures partir dans le bush pour les rites d'initiation locaux, laisser passer les chèvres traversant la route, faire monter des enfants dans le coffre de la voiture sur quelques centaines de mètres, une expérience qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier tellement ils étaient fiers. Ce passage dans « l'Afrique profonde », tellement différente de ce à quoi on a l'habitude en vivant au Cap a été un des moments forts du voyage. Les maisons khosas dispersées sur les flancs des collines, la mer en arrière plan constituent un paysage différent de plus, et un paysage encore une fois magnifique.

Le but de notre périple était quand même le Hole in the Wall donc, cette création naturelle saisissante : l'érosion a isolé un morceau de rochers à quelques mètres du large, et un trou s'est creusé, à l'intérieur duquel s'engouffrent et s'écrasent les vagues puissantes qui déferlent. Moi qui adore les paysages d'océan agité, j'ai été servie ! Avec une belle lumière matinale, une plage de galets et la côte très verdoyante, nous aurions pu rester bien plus longtemps que la petite demi-heure que notre chauffeur nous a octroyé pour apprécier le Hole sous toutes ses coutures et prendre plein de photos. Mais il était temps de retourner au backpacker, reprendre la voiture pour notre prochaine destination, Port Shepstone, à presque 400km au nord sur la côte. Mais n'existant pas de route longeant la côte, il nous a fallu d'abord rejoindre l'autoroute en refaisant les 80km de la route aux nids de poule (qui était moins effrayante de jour, et Joséphine était devenue une pro) de la veille, puis traverser les montagnes à l'intérieur des terres avant de repiquer sur la côte.

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